by Margot Toullec

Entraînement du cheval – la valeur temps et le muscle !

Entraînement du cheval

La valeur temps et le muscle !

 

Pour remplir nos objectifs sportifs, éducatifs ou tout simplement quotidiens, il est primordial de prendre en considération la valeur temps ! Nous prenons généralement un malin plaisir à nous mettre la pression dans certaines situations, notamment lorsqu’une échéance arrive.

Que ce soit pour embarquer votre cheval, réaliser un stage, une séance, un concours ou bien même un examen, vous avez déjà pu ressentir une sensation oppressante. Ce qui est important, pour vivre ces moments du mieux possible et rendre ces expériences positives et enrichissantes, c’est de prendre en compte le temps pour que notre corps puisse se développer sainement.

L’entraînement du cheval et le quotidien avec lui demandent beaucoup de temps et d’énergie selon nos objectifs, nos recherches et nos envies. Bien entendu, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne selon nos vies, nos expériences et nos émotions. Il est donc important de bien vous connaître pour l’entraînement de votre cheval, car la gestion du temps a un impact pour vous et votre physique mais aussi, pour votre cheval !

 

Un entraînement de qualité

Pour un entraînement du cheval (et du cavalier) efficace et adapté, il est important de connaître les bases du fonctionnement du corps et de comprendre comment utiliser ces notions dans son quotidien.

Aujourd’hui nous allons parler de la notion du temps et des muscles. Cette notion temps est indispensable pour former des muscles sains, polyvalents et fonctionnels. Le but étant de pouvoir permettre au corps du cheval et du cavalier de se mouvoir efficacement sans douleurs, blessures, dysfonctionnements, liés à l’exercice d’une discipline.

 

Pour savoir comment muscler et adapter l’entraînement du cheval, il est essentiel de comprendre ce qu’est un muscle sain et fort. Un muscle sain et fort est avant tout un muscle souple. Bien trop souvent, pour nous-mêmes et pour nos chevaux, nous avons tendance à considérer l’effort avec intensité, entraînant des chaînes musculaires rigides, peu souples, contracturées, contractées ce qui peut amener à diverses compensations et divers dysfonctionnements. Il est donc important de comprendre que le temps dans votre entraînement est primordial pour définir des exercices adaptés, efficaces, respectant la ligne de temps nécessaire aux muscles pour se former et se développer avec force mais aussi souplesse.

 

Pour des bases solides et des outils efficaces dans votre boîte à outils de cavalier, nous allons aborder les différents types de muscles tout en précisant un parmis eux, qui ont une importance particulière pour la locomotion et l’équilibre du cheval.

 

Voici la liste et les caractéristiques des différents types des muscles pour y voir plus clair : 

👉 Le muscle lisse : les muscles lisses sont présents dans la paroi de nombreux organes (tous les vaisseaux sanguins sauf les plus petits, les intestins, l’utérus…). Ils forment des couches denses qui tapissent la paroi interne des vaisseaux et des organes creux et ne montrent pas de stries transversales.

👉 Le muscle strié cardiaque : le muscle strié cardiaque est un muscle constitué ayant une contraction involontaire, rythmique et automatique.

👉 Le muscle strié squelettique : le muscle strié squelettique est par définition le muscle qui, par l’intermédiaire du tendon, se fixe au squelette et permet le mouvement de celui-ci dans une direction bien définie grâce à sa fonction essentielle : la contraction. Le muscle strié squelettique est un muscle à contraction volontaire.

👉 Le muscle strié à insertion conjonctive : ces muscles sont constitués de fibres musculaires striées qui possèdent les mêmes caractéristiques que le muscle strié squelettique à quelques différences près. Ils sont toutefois organisés différemment. 

 

Nous allons, avant tout, nous intéresser aux muscles striés squelettiques.

 

Les muscles striés squelettiques

Ces muscles sont primordiaux et indispensables pour le mouvement. En effet, ils ont un rôle prédominant et sont responsables des mouvements volontaires et du maintien de la posture. Ainsi, ces muscles sont ceux qui viennent maintenir notre structure osseuse et articulaire.

Basiquement, ce sont eux qui renforcent la charpente de la maison et qui font avancer la voiture !

 

Les muscles striés squelettiques assurent donc la fonction de locomotion. Ils permettent, en déplaçant des segments de membres : de marcher, trotter, galoper, sauter. Ils sont capables de réagir rapidement aux événements environnants, comme les stimulis, les demandes du cavaliers, les intéractions entre congénères,… Il faut savoir aussi que lutilisation des organes des sens dépend (odorat, ouïe, toucher,…), en partie, des muscles striés squelettiques. Ils remplissent des fonctions très importantes pour le cheval.

Comme nous l’avons vu plus haut, ces muscles aident les chevaux à maintenir leur posture. Non seulement, les muscles squelettiques déplacent des segments de membres (antérieurs, postérieurs,…), mais ils participent aussi à la stabilisation des articulations du squelette.

 

Concernant la force, celle-ci est produite par la contraction du muscle (mouvement, maintien de posture…). Lorsque nous activons nos muscles via notre systèmes nerveux, une succession de réaction se met en place afin de contracter le muscle. Ainsi, il pourra remplir son rôle.

 

Toutes ces informations sont passionnantes et très importantes pour construire vos séances. Ce qu’il faut retenir, c’est avant-tout de développer des muscles striés squelettiques forts et souples.

 

Le phénomène de contraction / excitation :

 

Pour que le cheval se déplace, le système musculaire et le système nerveux travaillent ensemble. Grâce à une succession de réactions chimiques et mécaniques, les muscles striés squelettiques activent leur potentiel via le phénomène de contraction/ excitation.

Il existe une multitude de réactions et aujourd’hui nous allons nous intéresser à l’utilisation et la synthèse de l’ATP (adénosine triphosphate).

Saviez-vous que l’ATP est essentiel pour le phénomène de contraction et de relaxation des fibres musculaires ?

Pour que l’ATP puisse jouer son rôle pleinement, il existe trois voies métaboliques permettant aux muscles de fonctionner :

 

💥 Synthèse par voie anaérobie alactique : présente en début d’effort.

 

💥 Synthèse par voie anaérobie lactique

Elles aboutissent à la formation d’acide lactique dont l’accumulation perturbe les processus contractiles. Cette voie métabolique intervient essentiellement au début de l’exercice quand l’apport en oxygène est insuffisant et lors d’exercices intenses lorsque la voie aérobie n’apporte plus assez d’énergie.

Il est alors intéressant de coupler cette information à l’entraînement de votre cheval.

 

Voici quelques exemples :

  • l’hyperflexion : cette technique est pour moi, inadmissible et fortement répréhensible. En plus d’une problématique de douleurs pour le cheval, d’incohérences mécaniques, elle a des incidences sur le développement musculaire du cheval (j’y reviendrais précisément dans un prochain article). En effet, lors de l’hyperflexion, les voies respiratoires du cheval sont comprimées. De plus, souvent utilisées lors d’efforts intenses et répétés, cette technique ne permet pas la bonne oxygénation du corps et amène le cheval à utiliser principalement la filière anaérobie lactique. Les muscles restent donc contractés et ont des difficultés à se relâcher. Ainsi, ce ne sont plus les muscles qui fonctionnent sainement, grâce à leur force et leur souplesse, mais le capital articulaire qui est mobilisé intensément dans l’ensemble du corps.

 

  • l’utilisation de l’engagement postérieur répétée durant l’effort : lorsque le cavalier demande au cheval d’engager ses postérieurs sous la masse, sans avoir auparavant soutenu et maintenu le thorax via des muscles forts et souples, certaines zones musculaires compensent fortement ! Certains muscles n’arrivent plus à se relâcher dans des zones importantes de la locomotion (zone lombaire ou encore sortie du garrot par exemple).

 

💥 Synthèse par voie aérobie : lorsque l’effort est modéré.

 

Courir après le temps

 

Grâce à la compréhension du système de contraction/ excitation du muscle, nous pouvons diversifié nos séances et permettre au cheval de développer des muscles forts et souples. Il est très intéressant de lier ces informations au système nerveux du cheval et au système cardio-respiratoire. Lorsque nous combinons et croisons le fonctionnement de ces différents systèmes, nous constatons que le cheval développe un muscle sain, souple et fort, lorsque nous lui laissons le temps de se développer correctement.

Utiliser les différentes voies d’utilisation de l’ATP pour créer un muscle polyvalent et sain au sein de l’entraînement est une clé essentielle, et ce n’est pas sorcier ! En diminuant l’utilisation de la force de la part du cavalier, des moyens de coercitions, des temps d’exercices longs et des efforts trop intenses et/ou inadaptés, nous pouvons développer un corps équilibré.

Après plusieurs années de travail à ce sujet, je constate trop souvent que les cadences employées, les demandes et nos objectifs sont souvent inadaptés aux capacités réelles du cheval (c’est-à-dire avec un muscle sain, fort et souple). Nous ne prenons pas le temps de former le corps. Le premier conseil que je puisse vous donner c’est de réduire votre cadence, votre propre pas lorsque vous êtes avec votre cheval. Ainsi, vous laisserez le temps aux muscles striés squelettiques de développer leurs fibres pleinement, avec force et souplesse et non en état de contraction quasi-constant.

 

Alors “perdons” du temps, pour en gagner !

 

Au plaisir 🙂